Dr Kin

Suis-je le seul à entraîner des perdantes?

ropebridgeJ’aurais pu également tomber dans le cliché et intituler cet article : l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Lorsque je navigue sur les réseaux sociaux, je suis à même de constater différents statuts, commentaires et photos qui font l’éloge du succès de nombreux entraîneurs et entraîneuses (ô combien je déteste cette version féminine, pourquoi n’a-t-on pas choisi entraîneure?). Des résultats incroyables, des histoires de succès dignes des plus beaux contes de fées.

À partir de ces informations, je suis forcé d’admettre que mes athlètes ne cadrent pas du tout dans ce profil. Pour être honnête, elles en arrachent, doivent travailler extrêmement fort, doutent constamment de ce qu’elles font, hésitent et n’obtiennent bien souvent pas les résultats de performance tant souhaités. Soit par ma faute, soit par la leur, je dois me résoudre à l’évidence : j’entraîne des perdantes.

En poussant mon raisonnement plus loin, je me suis interrogé à savoir si d’autres entraîneurs (et entraîneuses, je sais…) se retrouvaient dans la même situation que moi. Probablement. Assurément.

J’ai réalisé que je vivais exactement la même chose que mes athlètes peuvent vivre et que, presque assurément, les athlètes et les adeptes du conditionnement physique des autres entraîneurs vivent aussi. Je réalise qu’il existe une profonde insécurité dans le domaine de l’entraînement qui anime plusieurs comportements très caractéristiques du milieu.

Ce phénomène a pris de l’importance depuis l’avènement des médias sociaux qui permettent la diffusion rapide et à grande échelle de l’information. Maintenant, on peut avoir un aperçu de ce qu’unetelle ou untel fait. Cette parcelle d’information alimente bien souvent l’imagination de ceux et celles qui l’aperçoivent. Quoi? Miss Unetelle mange du Mahi-Mahi avec du brocoli tordu? Avez-vous vu la voie ferrée qui lui sert d’abdominaux? Moi qui mange du thon et des épinards, vite il faut que je change ma diète…

Et si cette athlète ne faisait pas que ça? Et si elle faisait autre chose que ça, mais affichait tout de même cette photo et ce commentaire? Et si cette athlète était dopée? Non, impossible. Afin d’avoir des abdominaux comme elle, il faut faire comme ses statuts Facebook…

Il en va de même dans les centres de conditionnement physique. Lorsque l’on voit quelqu’un s’y entraîner d’une façon X ou Y ou bien parler de son nouveau plan alimentaire qui incorpore tel ou tel aliment, plusieurs vont remettre en question leur mode de fonctionnement si cette personne obtient des résultats. Le manque de confiance en ses capacités et dans le processus actuel de l’intervention que l’on suit nous pousse à chercher bien souvent une solution quasi-miracle chez le voisin. Pourtant, on ne peut baser une intervention sur un simple tweet ou sur une photo provenant d’instagram.

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Il ne faut pas banaliser ce phénomène, car il affecte autant les entraineurs que les entraînés. Il prend naissance dans un manque de confiance et/ou un manque de compréhension du processus d’intervention. Personne n’est à blâmer, il faut seulement travailler sur les bons éléments pour permettre une évolution des comportements. Ces éléments sont davantage de nature psychologique que physiologique. Voici quelques recommandations afin d’éviter de tomber dans une spirale de questions et de réorientations continuelles ne faisant qu’imiter un chien qui poursuit sa queue.

1)      Comprendre ce que l’on fait

Les insécurités proviennent habituellement d’un manque d’expérience et/ou d’un manque de connaissances. En tant qu’entraîneur, il est important d’accepter que ses athlètes soient affligés par un certain niveau d’incertitude et d’incompréhension. C’est normal, sauf qu’il ne faut pas s’arrêter là. Il est essentiel de fournir les informations nécessaires et les outils afin que nos athlètes (ou adeptes du conditionnement physique) puissent apprendre davantage. La pire erreur est sans aucun doute de tenter d’isoler ces athlètes des différentes sources d’information. Cette voie dogmatique empêche un développement complet de l’athlète et risque d’exacerber le problème initial. En somme, il est important que vos athlètes soient au courant de ce que les autres font et pourquoi ils le font. En demeurant accessible aux questions de vos athlètes et en prenant le temps d’y répondre, il est possible de réussir un important travail d’éducation qui sera profitable à tous.

2)      Accepter que ce que l’on fait, on le fait pour soi

Il est tout à fait normal de se comparer, dire le contraire tient du mensonge. Cependant, il est essentiel de ne pas perdre de vue son individualité et l’unicité de son parcours. Vous cheminez, personne ne le fait pour vous. Vous devez parcourir votre chemin et vaincre chacun de VOS obstacles. La comparaison doit également être juste et éclairée. J’ai déjà eu une athlète qui me disait qu’elle admirait une autre athlète parce qu’elle présentait toujours un physique admirable. Elle me demandait comment elle pouvait arriver à ce niveau de composition corporelle et si on ne pouvait pas utiliser la même recette. Pourtant, en suivant son propre chemin, cette athlète a dépassé les succès connus par la source de son envie.

3)      Mesurer et comprendre les changements

Lorsque l’on navigue à tâtons, on ajoute une dose importante d’insécurité dans l’équation. Plusieurs entraîneurs qui n’évaluent pas vont avoir recours à la comparaison pour donner confiance à leurs athlètes. On fait comme elle, tu vas avoir des résultats comme elle ne t’inquiète pas. Ce lien de confiance aveugle prend trop souvent une teinte malsaine qui découle plus de principes sectaires que d’une relation de mentorat. On n’en sort pas, les mesures servent d’assises pour bâtir une relation de confiance face à la progression. Il faut cependant ne pas oublier le point 1, et s’assurer de bien comprendre les résultats…

4)      Accepter qu’il y ait des gens qui travaillent différemment

Il existe bien des façons d’atteindre ses objectifs. L’important n’est pas uniquement d’atteindre lesdits objectifs, mais bien de choisir et de parcourir SON chemin. Ce qui reste une fois nos objectifs atteints est le vécu qui nous a permis d’y arriver. Il faut faire son cheminement, pas celui des autres. Cependant, il est tout à fait sain de remettre en question son cheminement. Les informations provenant des autres peuvent servir à alimenter ce questionnement, mais ne doivent pas servir de base pour les décisions importantes.

 5)      Accepter qu’il y ait une dose de marketing sur les réseaux sociaux

Bien peu de gens vont diffuser des images peu flatteuses ou des résultats décevants sur les réseaux sociaux. Ces plateformes technologiques sont le théâtre d’un éternel combat de marketing. On cherche à se mettre en valeur, à valoriser ses résultats et on affiche ce qui nous convient. Pour l’œil externe, cette mise de l’avant sélective de l’information peut donner l’illusion d’une perfection virtuelle. Les réseaux sociaux ne sont pas garants de la réalité, détrompez-vous.

En terminant, je préfère de loin entraîner des « perdantes » qui remettent constamment leur cheminement en question que des « gagnantes » qui me suivent aveuglément. Je préfère de loin mettre l’emphase sur le cheminement plutôt que sur les résultats. La réelle victoire n’est pas déterminée par un panel de juge, mais plutôt en surmontant l’adversité.

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