Dr Kin

Pourquoi les Bougons sont-ils obèses?

Un groupe d'enfants qui jouent dans le désert se demandent pourquoi les Bougon sont obèses.
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Je préfère vous en avertir, ce billet fait définitivement dans le cliché, le stéréotype poussé à l’extrême, du moins, je l’espère. Depuis que je suis un fervent utilisateur du transport en commun, j’ai l’opportunité de visiter plus en détail mon bienheureux quartier. Cette activité physique quotidienne me permet de découvrir plusieurs éléments de St-Henri dont la dure réalité de la pauvreté. Je croise fréquemment des gens vivant de l’aide sociale, perchés sur leur balcon à me regarder déambuler devant leur 4½. Cet ici que je tombe dans le cliché, je vous en avais averti. Sur une rue en particulier, j’ai été frappé par la réalité : les Bougons sont obèses. Je les vois constamment avec leur sac de chips, leur Pepsi et leur grosse molle tablette à me regarder revenir du travail. Je me suis donc posé la question suivante : s’ils sont pauvres et que par définition ils n’ont que peu de moyens, ils devraient manquer de calories et être excessivement maigres? Certains me répondront que la malbouffe est plus économique et qu’ils ne vivent que de ça. Possiblement mais j’en doute.

J’ai donc été forcé de constater que la rédaction de ce billet ne pouvait se faire qu’en se basant uniquement sur mon bassin de connaissance. J’ai donc eu recours à une aide (précieuse) extérieure. J’ai sorti l’artillerie lourde, j’ai supplié la nutritionniste sportive Évelyne Deblock, Msc, Dtp de m’aider en fournissant des exemples d’apports nutritionnels pour des gens à faible revenu (toujours en sombrant dans le stéréotype) afin d’être en mesure d’élucider la problématique d’obésité chez les gens à faible revenu de mon quartier (habituellement, on leur donne le sobriquet de BS ou maintenant, de Bougons). Fidèle à ses habitudes, Évelyne m’a noyé sous les informations. Voici donc ce qu’elle m’a généreusement envoyé :

La nourriture étant un des besoins fondamentaux de l’être humain, il reste un des besoins les plus compromis lorsque les ressources financières sont déficientes. Des études ont même démontré que si le budget est limité pour l’alimentation, la personne orientera ses choix davantage vers une alimentation à forte densité énergétique (kcal/g d’aliment), par exemple un aliment frit, et souvent pauvre en nutriments essentiels. Il n’est pas étonnant, puisque ce type d’alimentation amènera plus d’énergie à moindre coût, malgré le manque d’éléments nutritifs. De plus, un aliment à haute densité énergétique aura plus d’impact sur le sentiment de satiété, et ce, pendant plus longtemps qu’un aliment à faible densité énergétique. Le résultat peut, par contre, amener à un gain de poids, principalement sous forme de gras, et éventuellement des problèmes de maladies cardiovasculaires, considérant l’apport élevé en sodium, faible en potassium, faible en fibres et faible en acides gras essentiels ou un cancer en raison du faible apport en antioxydants.

Le Dispensaire diététique de Montréal estime régulièrement le coût minimal moyen d’une alimentation pouvant satisfaire adéquatement les besoins nutritionnels pour une personne seule. Ce coût minimum pour un régime nutritif est estimé en 2011 à 7,74 $ par jour pour un homme de 19 à 30 ans, soit 54,16 $ par semaine. Ces aliments ne comprennent pas d’aliments précuisinés ou prêts à manger. Il faut donc prendre le temps de cuisiner soi-même… Le tableau 1 démontre la preuve que c’est possible de manger sainement et à faible prix alors que le tableau 2 nous offre le détail de l’alimentation. Mieux manger permet d’avoir une bonne santé et de le rester. Pour n’importe quoi, il faut du temps. Prendre le temps d’organiser notre alimentation et apprendre à cuisiner restent les meilleures solutions pour rester en santé.

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Tableau 1 : Comparaison entre une alimentation stéréotypée d’un homme de 19 à 30 ans avec un faible revenu et une alimentation adaptée à ses besoins.

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Tableau 2: Détail des apports nutritionnels

Comme c’est mon blogue, il a bien fallu que j’y ajoute ma touche bioénergétique. Je me suis amusé (je sais, c’est toujours relatif), à prédire les variations de composition corporelle en fonction d’un gabarit initial de 70kg pour une personne de 30 ans débutant sa carrière de Bougon. J’ai donc calculé le métabolisme de repos en me basant sur une équation considérant la masse grasse et la masse maigre, calculé la thermogenèse alimentaire (digestion) à partir des menus ainsi qu’estimé le niveau d’activité physique (60 min à 3 Mets, 120 min à 2 Mets) en me basant sur quelques mesures par accélérométrie que j’avais. À des fins de comparaisons, j’ai complété un calcul similaire pour la même personne, mais, qui travaille comme comptable dans un édifice à bureau du centre-ville et qui utilise le transport en commun et qui s’entraîne 3 fois semaine dans un centre de conditionnement physique (90 min à 3 Mets, 120 min à 2 Mets, 20 min à 5 Mets).

Les figures 1 et 2 présentent l’évolution de la composition corporelle pour nos 2 comparses. Il est bien évident que le mode de vie sédentaire se limitant à quelques activités physiques obligatoires (aller chercher son chèque, faire l’épicerie, etc.) jumelées à l’alimentation précédemment illustrée nous donne le résultat que j’observe quotidiennement dans mon voisinage. Petite note méthodologique, j’ai fait évoluer le métabolisme de repos en fonction des changements de composition corporelle (gain en masse grasse important et faible gain en masse maigre – le surplus de poids entraîne progressivement un gain de masse musculaire léger, faut bien supporter ce poids –) et j’ai ajusté la dépense énergétique associée à l’activité physique en fonction du poids. J’ai donc pris pour acquis que nos sympathiques participants ne changeaient pas leurs activités physiques.

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Figure 1: Changements de composition corporelle en fonction d'une alimentation type (Faible revenu/Stéréotypée)

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Figure 2: Changements de composition corporelle en fonction d'une alimentation type (Faible revenu/Santé)

Sur une période de 12 mois, notre ami Bougon verra sa masse grasse augmenter de plus de 100 % passant d’un respectable 28kg à un retentissant 56 kg (IMC initial 22.9 kg/m²; IMC final 33.0 kg/m²). À la lumière de cette évolution, il est à parier que les complications métaboliques vont s’enchaîner les unes après les autres en débutant par une légère hypertension pour une évolution graduelle vers l’apnée du sommeil et le diabète de type 2. Notre ami le comptable quant à lui, verra sa composition corporelle lentement changer passant d’une masse grasse à 28 kg à 30 kg (IMC initial 22.9 kg/m²; IMC final 23.9 kg/m²). J’ai opté pour le quasi-maintien de la masse maigre pendant une période d’un an, et ce, malgré l’entraînement 3 fois semaine (ce n’est pas tout le monde qui sait s’entraîner…). Si ce dernier voit sa composition corporelle changer lentement comparativement à notre ami Bougon, il n’en demeure pas moins que dans un avenir plus ou moins rapproché, le surpoids et éventuellement l’obésité le guettent.

Si ce billet se veut d’abord et avant tout une caricature de la réalité, il n’en demeure pas moins qu’il existe un sérieux paradoxe chez les personnes à faible revenu. Évelyne nous a démontré qu’il n’en coûte pas plus cher de manger sainement et, vivre de l’aide social implique passablement de temps libres pour être en mesure de s’adonner à des activités physiques. Selon le tour de taille de mes voisins, la réalité semble fort différente. Les choix alimentaires sont, disons-le, franchement mauvais et la plus grande activité physique est probablement la marche pour se rendre à l’épicerie ou au dépanneur. Loin de moi l’idée de regarder avec mépris ces gens et je crois que je dois assumer une partie du blâme. Comment se fait-il que ces gens ne fassent pas des choix plus santé en matière de nutrition et d’activité physique? Est-ce que le message des nutritionnistes et des kinésiologues les rejoint? Avant de sévèrement critiquer leurs habitudes de vie, il faut d’abord comprendre pourquoi choisissent-ils ce mode de vie. Est-ce par un manque de connaissances ou simplement par choix? Si les connaissances manquent, c’est que nous, les professionnels de la santé avons failli à la tâche. Si c’est par choix, nous devons, comme société nous poser la question pourquoi ces gens ont abandonné le désir de vivre en santé.

Chose certaine, ce n’est pas une question de sous.

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