Dr Kin

Sommeil et caféine

sommeil caféine

Question de vous endormir profondément, pourquoi pas un billet traitant du sommeil? Vous verrez, je vous fais une faveur en étant le plus soporifique possible!

Pourquoi parler du sommeil, chose ô combien naturelle et si facilement accessible à tant d’étudiants lors du cours du vendredi après-midi? Parce que le sommeil fait partie intégrante du processus de récupération et qu’il est essentiel à notre survie. Pourtant, nous prenons trop souvent cette partie de notre vie comme un fait banalement acquis. Dans ma pratique, j’arrive à mesurer le temps alloué au sommeil et les résultats que j’observe au sein de la population québécoise m’inquiètent. Dans mon échantillon de plus de 400 participants, la moyenne d’heures attribuées à Morphée dépasse à peine les 6 h par nuit. On estime qu’un adulte a besoin de 7 à 8 heures de sommeil par nuit afin de pleinement récupérer. Or, chez bien des gens, le temps allongé ne dépasse pas 7 h par nuit, il leur est donc impossible de dormir plus de 7 h.

La réalité et les contraintes inhérentes à notre société font en sorte qu’il nous est de plus en plus difficile de trouver du temps de qualité (le cours du vendredi ne compte pas comme du temps de qualité) pour dormir. Cependant, au lieu de tenter de modifier notre rythme de vie afin d’optimiser notre temps de récupération, nous contournons d’une façon pernicieuse en ayant recours à des stimulants. Si certains d’entre vous songent à des substances douteuses et illégales, je me contente de faire plutôt allusion à la consommation de café ou de toutes autres boissons contenant de la caféine. Le portrait est le suivant : nous ne dormons pas assez, nous nous réveillons fatigué et nous consommons notre dose quotidienne de caféine pour nous mettre en branle et entamer notre journée sur le bon pied. Je viens de décrire le rythme de vie d’une quantité astronomique de personnes. Je sais pertinemment que plusieurs d’entre vous s’interrogent sur la problématique reliée à ce scénario. Et c’est justement cela qui m’inquiète!

L’usage de stimulants est banalisé, incorporé à nos habitudes de vie or, cela ne rend pas ce processus bénin et sans risque. Certes, nous nous indignons de voir la consommation de boisson énergisante grimper en flèche auprès des jeunes, mais sans plus. Pourquoi se surprendre d’un tel phénomène? Nous assistons au même cycle qui fut jadis associé à l’usage du tabac. Dans les années 70, la cigarette était partout, on en faisait la promotion et l’éloge si bien qu’il était alléchant pour tous de s’éprendre de ce vice aujourd’hui décriés avec vigueur par toutes les agences de santé. Pourtant, nous assistons aux mêmes stratégies marketing, mais cette fois, par le lobby de la caféine. On estime que plus de 90 % de la population adulte consomme quotidiennement de la caféine sous différentes formes. C’est pratiquement tout le monde! Il n’est pas surprenant que cette habitude s’étende aux autres tranches d’âge de notre société. L’industrie de la caféine a habilement réussi à modifier son produit pour le rendre cool et attrayant pour les plus jeunes (les fameuses boissons énergisantes). Comme la caféine est une substance psychoactive qui entraîne rapidement une dépendance/accoutumance physiologique, plus la consommation débute à un jeune âge, plus on s’assure une clientèle future.

Mis à part de l’aspect toxicomane de la chose, est-ce que ça cause un problème? Un peu…

La consommation de caféine perturbe le sommeil et la qualité de ce dernier, et ce, même si on ne consomme pas un double expresso 5 min avant le dodo. Il peut simplement suffire d’une consommation supérieure à 300 mg (3 petits cafés) dans une journée pour souffrir d’une intoxication à la caféine. Les symptômes sont divers, des perturbations gastro-intestinales aux crises d’anxiété en passant par l’insomnie1. Et les effets sont encore plus importants chez les enfants et le fœtus…

Faut-il bannir, en plus des boissons énergisantes, notre précieux nectar caféiné : le café? Impensable pour plusieurs. Personnellement, je suis rarement en faveur des solutions radicales visant à brimer la libre entreprise et je penche davantage vers une meilleure éducation et une sensibilisation à la problématique réelle : nous ne récupérons pas! Notre quotidien prend le dessus sur notre vie et nous sommes régulièrement plongés dans un tourbillon étourdissant de « quotidiennetés ». Nous ne prenons plus le temps de récupérer et pire encore, il est mal vu de prendre du temps pour soi afin de reprendre le dessus. La consommation excessive de caféine n’est que la pointe de l’iceberg.

Comment s’en sortir? Simplement en prenant le temps de planifier ses moments de repos, en calculant adéquatement une heure de couché et une heure de réveil permettant de dormir entre 7 et 8h par nuit. Moins simplement en diminuant progressivement sa consommation de caféine. C’est sans aucun doute la chose la plus difficile à faire car, une période de sevrage plus ou moins sévère s’en suivra.

En terminant, sachez que de plus en plus d’études commencent à associer le sommeil à l’appétit et au niveau d’activité physique. Les individus souffrant d’un manque de sommeil tendent à développer un appétit plus important et un niveau d’activité physique plus faible que la moyenne. Sur ce, je vais en profiter pour me reposer afin de maigrir doucement sur le chaud sable d’une plage dorée du Sud…

Référence

1-American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, American Psychiatric Association, 2000, 4e éd., 943 p

 

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