Dr Kin

Mirrroir, mirroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle?

image corporelle
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Avant de m’avancer plus en profondeur dans cet article, je tiens à vous informer, très chers lecteurs et lectrices, que la thématique abordée est loin d’être une de mes spécialités. J’ose aborder ce sujet tabou parce que 1) on me l’a demandé et 2) j’y suis fréquemment confronté dans ma pratique. Le sujet? L’image corporelle.

L’image corporelle est un concept multidimensionnel qui décrit les représentations physiques internes et subjectives de notre apparence et de nos expériences physiques [1]. Notre image corporelle inclut des éléments propres à notre perception, à nos facultés cognitives ainsi qu’à nos émotions qui influencent notre représentation interne de notre corps ainsi que le corps des personnes qui nous entourent. La majorité de ces représentations reposent principalement sur la vision, mais aussi sur des perceptions physiques (kinesthésiques) et tactiles (vous savez, lorsque vous vous penchez et qu’un sympathique bourrelet abdominal se dresse entre vous et vos souliers…). De façon constante et assidue, nous nous tenons informés de l’apparence de notre physique, de sa position dans l’espace, de sa sécurité et de la place (volume) qu’il occupe dans l’espace [2].

Comme vous pouvez le constater, la construction de notre image corporelle repose sur plusieurs facteurs internes et externes. Dans un contexte de Fitness, l’élaboration ou le développement de l’image corporelle repose grandement sur des références extérieures (le classement à des compétitions, le physique des autres athlètes, etc.) et à un niveau moindre, des références internes (estime de soi, confiance, etc.). Le cheminement de l’athlète, de ses premières compétitions à ses dernières en passant par l’apogée de sa carrière, est marqué par une évolution dramatique de l’image corporelle. Par exemple, une athlète peut améliorer sa composition corporelle en réduisant sa masse grasse et en augmentant sa masse musculaire à l’intérieur de paramètres santé et esthétique tout à fait acceptables lors de sa première compétition. À ce moment, l’athlète est satisfaite de son corps, heureuse des changements, bref, une association positive entre la perception (interne) et la réalité. Cependant, lors de la compétition, des facteurs externes vont venir bouleverser cette association heureuse entre le corps et l’esprit. Selon l’opposition (physique des autres athlètes) et le toujours agréable et sympathique jugement des juges, la perception du physique peut (presque toujours) changer énormément. En fait, la perception change habituellement pour le pire pour toutes celles qui ne finissent pas dans le top 3 (et encore!). Leur physique qui les comblait il y a de cela quelques heures n’est désormais plus à la hauteur : il faut l’améliorer encore.

Cette pression est énorme sur l’athlète et sur le personnel d’entraîneurs, car, si elle est mal gérée, des conséquences fâcheuses peuvent en découler. Afin de limiter les dégâts psychologiques (et éventuellement physiques) il est excessivement important d’offrir une mesure objective de la composition corporelle afin de se détacher de la perception (toujours éclairée) des juges et de la perception post compétition de l’athlète de son propre corps. Une analyse rigoureuse de la composition corporelle (ça, c’est plutôt rare…) permet de recentrer les priorités et les objectifs de l’athlète sur des valeurs externes à son unique perception. Des chiffres, on veut des chiffres!

Cependant, il est tout aussi important d’adresser l’évolution de la perception selon les éléments internes. Pour ce faire, il existe des outils (questionnaires, schémas, etc. qui permettent de schématiser ou de mieux conceptualiser la notion d’image corporelle chez l’athlète [3-7]. L’utilisation de ce type d’outils aide à rationaliser la démarche et favorise une meilleure orientation de la progression de l’image corporelle. Donc, pas seulement des chiffres, mais des impressions également recueillies à l’aide d’outils prévus à cet effet.

Les risques de négliger cet aspect de cette discipline (et de l’entraînement pour tous, patientez un peu) sont nombreux : contre-performance, perte de motivation, troubles alimentaires. Les troubles alimentaires sont sans aucun doute excessivement problématiques et dépassent largement le cadre de la performance sportive et peuvent sérieusement hypothéquer le bien-être de l’individu. Comme les athlètes de Fitness sont jugées en majeure partie sur leurs attributs physiques, une attention toute particulière doit être portée à la préparation psychologique, plus spécifiquement, aux aspects touchant la perception de l’image corporelle.

Vous me direz que votre réalité est bien loin des athlètes de Fitness? Je n’en suis pas si sûr! La perception de l’image corporelle est d’abord et avant tout centrée sur l’individu et ce, peu importe son environnement. Que ce soit pour une compétition de Fitness ou bien pour enfiler un retentissant cuissard de vélo pour s’entraîner au gym, la perception de son image corporelle nous influence. Alors qu’une athlète de Fitness se doit de parader en maillot 2 pièces, il est possible que le seul fait de mettre les pieds dans un centre de conditionnement physique pour une personne ayant une mauvaise perception de soi soit une épreuve tout aussi difficile.

Si une athlète de Fitness subit une pression énorme en compétition, le commun des mortels peut également être soumis à des pressions importantes dans un contexte de conditionnement physique. Dans tous les cas, il est excessivement important pour l’intervenant de considérer cet aspect de la préparation tant pour l’athlète que pour le commun des mortels.

Le port d’un cuissard fluo et d’un t-shirt bedaine peuvent imposer une pression au porteur tout comme à son entourage…

Alors, mirrroir, mirroir, miroir, dis-moi si ma perception est bonne!

Références

1.            Cash, TF and T Pruzinsky, Body Images. New York: Gilford press. 1990.

2.            Fisher, s, The evolution of psychosocial concepts about the body, in Body image. Guilford Press: New York. 1990. p. 3-20.

3.            Glucksman, ML and J Hirsch. The response of obese patients to weight reduction. 3. The perception of body size. Psychosom Med 1969; 31(1). 1-7.

4.            Stunkard, A and E Stellar, Eating and its disorder, in Body images. Guilford Press: New York. 1990. p. 3-20.

5.            Franzoi, SL and SA Shields. The Body Esteem Scale: multidimensional structure and sex differences in a college population. J Pers Assess 1984; 48(2). 173-8.

6.            Di Pietro, M and DX Silveira. Internal validity, dimensionality and performance of the Body Shape Questionnaire in a group of Brazilian college students. Rev Bras Psiquiatr 2009; 31(1). 21-4.

7.            Rosen, JC, A Jones, E Ramirez, and S Waxman. Body Shape Questionnaire: studies of validity and reliability. Int J Eat Disord 1996; 20(3). 315-9.

 

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